Peut-être en verrez-vous ce samedi ou dimanche? Prenez le temps d'observer les oiseaux de votre jardin, de votre balcon, ou du parc à côté de chez vous. Comptez-les et communiquez vos observations à l'Observatoire Régional de l'Avifaune (ORA). C'est amusant, utile, et tout à fait sérieux.
Bonne nouvelle : le bruant zizi, revient dans nos jardins! Ce passereau tient son joli nom de son chant (non, pas de son anatomie, vous confondez avec le "Oulala"). Il semble apprécier la douceur climatique de notre région, il s'y installe de plus en plus, et ça c'est chouette. Comment le sait-on? C'est l'ORA qui le dit, grâce à ses comptages annuels, vos comptages.
L'Observatoire Régional de l'Avifaune, regroupant Bretagne Vivante et le Groupe d'Etudes Ornithologiques des Côtes-d'Armor organise ce week-end son désormais traditionnel comptage hivernal des oiseaux de jardins. Il suffit de télécharger une fiche d'observation, par exemple ici, ou sur le lien ci-dessous, ou même tout simplement de la remplir en ligne, par exemple là.
Flyer comptage des oiseaux 2020
Ensuite, prenez une heure, samedi ou dimanche, et comptez les oiseaux que vous voyez, en les identifiant correctement, grâce à la galerie de portraits figurant dans le document. La brochure explique comment procéder, notamment éviter de les compter deux fois, ou d'en rajouter. Yann Février, ornithologue au GEOCA explique : "On peut être tenté d'ajouter le ravissant pic vert qu'on n'a pas vu pendant l'heure d'observation, mais qui pourtant fréquente régulièrement son jardin. Cela fausse les résultats, vous ne le voyez pas, vous ne le comptez pas, mais pas de souci, vous verrez d'autres oiseaux!"
Pourquoi compter ?
Ce type de comptage participatif existe depuis 2009 dans les Côtes-d'Armor, et 2012 pour l'ensemble de la Bretagne. Il s'étend à tout le territoire depuis 2013, coordonné par la Ligue pour la Protection des Oiseaux. En janvier dernier, l'opération a comptabilisé 4568 jardins dans 865 communes de Bretagne, et plus de 52000 jardins au niveau national.
"Il y a deux avantages à ce type d'opération" nous dit Yann Février. "Dans le milieu scientifique, il y a encore une quinzaine d'années, les sources participatives étaient plutôt dénigrées. “C'est scientifique, laissez donc les scientifiques s'occuper de ça” entendait-on. Or aujourd'hui, on se rend compte que les informations collectées sont pertinentes, avec des études et des résultats robustes, qui permettent d'indiquer des évolutions, des changements, des tendances".
Le deuxième avantage, continue Yann Février, c'est de sensibiliser le public à la biodiversité. "L'équation est assez simple, d'abord on observe et on compte, puis on se responsabilise et on protège. On se met à protéger les oiseaux parce qu'on apprend à les connaître, c'est vertueux". La surface totale des jardins en France représente un million d'hectares, c'est trois fois plus que l'ensemble de nos réserves naturelles. "C'est une force de frappe considérable, chacun, à son niveau, peut faire beaucoup!"Et puis c'est aussi simple que ça : on ne peut pas envoyer 4500 ornithologues professionnels aux quatre coins de la Bretagne. Qui plus est, ce n'est pas utile, les compteurs bénévoles y sont déjà, c'est une formidable ressource!
Quel bilan ?
Voyons déjà le moins bon. C'est un fait, les populations d'oiseaux ont tendance à se banaliser : une population relativement stable au sein de chaque groupe, mais moins d'espèces. Peu à peu l'homme fait disparaître des zones naturelles, des zones agricoles. Moins d'insectes, c'est une chaîne alimentaire perturbée ; plus de nourrissage et de mangeoires dans les jardins, c'est plus de transmission de maladies à cause de la promiscuité, et moins d'autonomie. "On a comptabilisé plus de 700 cadavres de Verdiers d'Europe dans les jardins bretons à l'hiver 2016-17, un phénomène probalement catalysé par le nourrissage". Les opérations de comptage sont autant d'ocasions de rappeler les bonnes pratiques.
L'autre conclusion à tirer, c'est que les oiseaux se rapprochent des centres urbains. Moins de biodiversité amène certaines espèces à décliner, au profit d'oiseaux opportunistes. "Dans la campagne bretonne, on compte de plus en plus de Choucas des Tours, une espèce très peu appréciée des agriculteurs. C'est en partie le déséquilibre de la biodiversité qui les fait proliférer, ils occupent un espace laissé vacant par d'autres espèces en difficulté". Apparaissent également des espèces exotiques, des Ibis, ou des perruches à collier, "une espèce bien jolie, mais plutôt agressive, qui déniche les oiseaux des parcs" regrette Yann Février.Le nourrissage, c'est une question épineuse, polémique. Les anglo-saxons le pratique beaucoup, nous sommes plutôt contre. En nourrissant les oiseaux, on se fait d'abord plaisir à soi-même, c'est un désir de compensation. Mais... il vaut mieux un jardin avec un ou deux arbres fruitiers, laisser pousser du lierre sur un muret,... plutôt qu'un bitume vert de gazon rasé au robot tondeuse avec une mangeoire au milieu. Il faut laisser revenir la nature, et le jardin en est la toute première vitrine.
Il n'y a quand même pas que des motifs de désenchantement, car il y a aussi de quoi se réjouir. Le Bruant Zizi qui s'installe par exemple. "On voit aussi remonter des populations qui avaient très largement diminué depuis les années quarante". La Chouette Chevêche avait déserté les champs de pommes à cidre depuis que la production s'est mécanisée sur tiges hautes, s'accompagnant d'arrosage de pesticides. "On la voit réapparaître autour des villes et des bourgs, en zones légumières, dans le Léon, le Trégor, Cancale et le bassin rennais".
Autre exemple, le Faucon Pellerin. "Un couple tourne autour de Rennes, il n'a pas encore niché, mais il va probablement s'installer par ici. Les falaises du littoral sont plutôt son habitat naturel, mais on le voit maintenant s'installer dans des milieux artificiels, des carrières, des bâtiments, aux abords des villes". D'aucuns feront remarquer que ce sont des prédateurs non? "L'essentiel, c'est qu'ils participent à l'équilibre de la biodiversité", répond l'ornithologiste. Laissons vivre la nature qu'on vous dit.
Le courage des oiseaux
Les oiseaux s'adaptent, ils s'acclimatent. Les recensements permettent de s'apercevoir de la présence de nouvelles espèces, ou de leur retour, les comptages font avancer la science. L'ornithologiste ajoute "On me dit souvent :“J'ai de moins en moins d'oiseaux dans mon jardin”, or les chiffres montrent une stabilité, et une assez bonne diversité dans les jardins. Le déclin se fait surtout sur les espèces dites communes, de biodiversité ordinaire, mais ces oiseaux communs restent essentiels à l'équilibre général, il faut tous les protéger".
Et les compter c'est déjà les protéger. Vous hésitez? Vous craignez de vous tromper? Vous n'avez pas de jardin, de balcon ou de parc à proximité? Pas grave, vous pouvez rejoindre un groupe de comptage public, une liste d'animations figure ci-dessous, pour ce samedi 25 et ce dimanche 26 janvier.
Comptez les oiseaux, les oiseaux comptent sur vous.
Les rendez-vous comptage dans les Côtes-d'Armor
Saint-Brieuc :
* Comité de quartier Robien - Dimanche 26 janvier à 10 heures. RDV parking Coubertin.
* Comité de quartier Beauvallon - Ville Bougault, samedi 25 janvier à 14 heures. RDV Place Jacquard.
* Comité des quartiers Croix Saint-Lambert - Samedi 25 janvier à 9h30. Rendez-vous dans la cour de la ferme de la Ville Oger.
Plourhan :
Mairie de Plourhan, 26 janvier à 10 heures. RDV devant la mairie.
Guingamp :
RDV à 10h au jardin public, sortie ensuite sur les bords du Trieux.
Saint Carné :
Samedi 25 janvier à 15h00. RDV place des fêtes.
+ Exposition photos et nichoirs le dimanche.